Construits au 18ème siècle dans un style caractéristique d’une période brillante mais très typée les orgues baroques français prennent tous un grand coup de vieux lorsqu’apparait la littérature romantique : les timbres puissants et agressifs des mutations, cornets, trompettes et bombardes laissent place aux flûtes, gambes et hautbois, la tessiture s’élargit vers les aigus réclamant des claviers de 56 notes, les claviers d’écho disparaissent au profit du fameux récit expressif. Les dialogues de jeux solistes sont remplacés par de grandes oppositions symphoniques. Le seul moyen de suivre et servir ce mouvement artistique était de construire de nouveaux instruments. Mais faute de moyens financiers une solution dramatique fut trop souvent apportée par la dénaturation sacrilège des anciens instruments qui peu à peu ne gardèrent du Grand siècle que leur buffet et leurs tuyaux de façade. Nous vous invitons ce soir à une 3ème option : sur un Silbermann resté en grande partie intact (c’est le cas du nôtre) pouvait-on trouver des pages qui sonnent bien, qui peuvent être servis par les timbres anciens et exécutables sur des claviers de 49 notes ? Le voyage que nous allons faire ne vous convaincra peut-être pas mais en tout cas c’est un scénario parfaitement imaginable à Wasselonne en 1880 ou 1890.
Oeuvres de Lemmens, Boëly, Schumann, Mendelssohn, Rinck, Saint-Saens, Franck et Gigout